La parole de Mgr Marcel Lefebvre – Le Rocher 134

Les défenseurs de la morale sont trahis par les idées modernistes

Ceux qui ont la foi catholique, qui croient en Notre-Seigneur Jésus-Christ, et veulent défendre les vérités fondamentales de leur foi, défendre la morale, défendre le Décalogue, sont trahis par les idées modernistes qui remplacent la foi par une idée purement maçonnique.

[[{"fid":"141626","view_mode":"file_styles_main_visual","fields":{"format":"file_styles_main_visual","alignment":"","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false,"field_image_title[de][0][value]":"","field_image_description[de][0][value]":""},"type":"media","field_deltas":{"1":{"format":"file_styles_main_visual","alignment":"","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false,"field_image_title[de][0][value]":"","field_image_description[de][0][value]":""}},"link_text":null,"attributes":{"class":"media-element file-file-styles-main-visual","data-delta":"1"}}]]

 

Mes bien chers frères, nous profitons souvent de cette cérémonie pour laquelle vous venez de partout, pour faire en quelque sorte le point de la situation : situation de la Fraternité, situation aussi de l’Eglise. Et nous sommes bien obligés de constater que la passion de l’Eglise continue, passion qui se manifeste même, je dirais, dans la santé du chef de l’Eglise.

C’est corporellement que le pape souffre en quelque sorte la passion de l’Eglise, dans ces temps douloureux, difficiles, par cet accident incroyable 1 , inconcevable en d’autres temps. Il a fallu que nous, nous vivions une époque où le pape pouvait en quelque sorte être frappé mortellement. Oui, nous vivons vraiment la passion de l’Eglise !

Notre-Seigneur trahi par les siens

Mais cette passion se manifeste d’une manière encore plus émouvante, plus dure, plus étonnante, lorsqu’on pense à tout ce qui se passe aujourd’hui dans le monde et qui est favorisé – il faut le dire – par le clergé, par les membres de l’Eglise.

De même que Notre-Seigneur a été trahi par l’un des siens, abandonné par les Apôtres lorsque la soldatesque est venue mettre la main sur lui, de même, aujourd’hui, il en est parmi les membres du clergé – et non des moindres – qui trahissent de nouveau Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Nous avons pu constater, hélas, dans notre cher pays de France, comment à l’occasion des dernières élections, des évêques, des prêtres, des religieux et des religieuses ont favorisé la venue en France du socialisme. Et qui dit socialisme, dit combat contre Notre-Seigneur Jésus-Christ, combat en faveur de l’athéisme. Ce n’est pas pour rien que le nouveau Président 2 est allé recevoir, comme l’ont dit les journaux, l’onction laïque au Panthéon ! C’est cela qui doit nous inquiéter. Ce ne sont pas les conséquences économiques, qui sont peu de choses à côté de ce drame que nous vivons de la lutte contre Notre-Seigneur.

Il semble que le démon déchaîné arrive enfin à son but par le socialisme qui se généralise dans toutes les nations, par le communisme qui s’étend aussi dans le monde. Le démon espère ainsi en finir avec la religion catholique et avec Notre-Seigneur Jésus-Christ. Et malheureusement, encore une fois, nous sommes obligé de constater, aussi bien en Amérique du Sud qu’en Amérique du Nord, et dans presque tous les pays de l’Europe, on peut le dire, que ces mouvements de lutte contre Notre-Seigneur sont favorisés volontairement ou involontairement par les épiscopats.

C’est là un drame particulier de l’Eglise de nos jours. Saint Pie X l’avait déjà annoncé : « Désormais les ennemis de l’Eglise ne sont plus à l’extérieur de l’Eglise, mais ils sont à l’intérieur » 3 . Et il désignait lui-même les séminaires et en désignant les séminaires, il désignait nécessairement les professeurs de ces séminaires, ceux qui par conséquent formaient le clergé d’alors. Et c’est ainsi que ce clergé formé aux idées modernistes, aux idées libérales en est arrivé au point où nous en sommes aujourd’hui.

L’Eglise souffre partout

Nous sommes bien obligés de le constater, nous ne pouvons pas nier que cette passion de l’Eglise se trouve partout. L’Eglise souffre partout et elle souffre d’abord – il faut le dire – dans ceux qui, dans la Curie romaine, continuent à propager les idées modernistes en maintenant, envers et contre tous, ces réformes qui ont été instituées après le concile Vatican II et qui sont en train de détruire l’Eglise, d’autodétruire l’Eglise, comme le disait lui-même le pape Paul VI 4 .

Cette autodestruction de l’Eglise, comment s’étend-elle sinon par le clergé lui-même, sinon par ceux qui sont placés dans les dicastères romains pour protéger la foi de l’Eglise et qui ne la protègent plus ? Est-ce qu'ils sont condamnés ces soi-disant philosophes, ces soi-disant théologiens qui corrompent la foi et qui sont de véritables hérétiques ? Sont-ils réellement poursuivis ? Sont-ils poursuivis, les évêques qui, en admettant les protestants à venir concélébrer avec eux, font un œcuménisme qui n’est ni plus ni moins qu’une diffusion de l’hérésie ? Sont-ils condamnés, les évêques qui, lorsqu’ils étaient supérieurs de séminaires, y enseignaient la pornographie ? Cela, Rome le sait, et l’on pourrait citer indéfiniment des exemples de ce genre. Est-ce que sont condamnés les évêques du Mexique qui, dans leur Semaine diocésaine, dans les journaux, font des articles en faveur de la révolution au San Salvador, en demandant aux fidèles de donner de l’argent, d’aller eux-mêmes s’ils le peuvent lutter physiquement contre le gouvernement du San Salvador pour semer la révolution, pour semer le communisme ?

La conscience remplace la Loi

Nous sommes trahis. Vous êtes trahis, tous les honnêtes gens sont trahis, tous ceux qui ont la foi catholique, qui croient en Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui veulent défendre la foi en Notre-Seigneur, défendre les vérités fondamentales de leur foi contenues dans le véritable catéchisme. Ceux qui veulent défendre la morale, qui veulent défendre le Décalogue, qui veulent défendre la véritable Ecriture sainte, tous ceux-là sont trahis, trahis par les idées modernistes. Ces idées modernistes remplacent la foi par la recherche, idée purement maçonnique : « Nous sommes tous en recherche de la vérité, elle n’existe pas, on ne la trouvera jamais ». Or nous, nous savons qu’elle existe, nous la connaissons et nous voulons maintenir notre foi. On remplace le Décalogue par les droits de l’homme. On a maintenant la religion des droits de l’homme à la place du Décalogue.

Or nous savons très bien que les droits de l’homme et la justice dans ce monde n’existeront que par le Décalogue. Lorsque nous accomplirons nos devoirs envers Dieu et envers notre prochain, la justice régnera, mais non pas dans la lutte contre l’autorité de Dieu et contre toute autorité. Les droits de l’homme ne sont pas autre chose qu’une lutte contre l’autorité de Dieu et contre toutes les autorités. On remplace la Loi par la conscience. Chacun fait ce qu’il veut, chacun s’adresse à sa conscience et non plus à la Loi. Voilà les idées modernistes que l’on répand dans le monde.

De même, on a voulu nous faire une liturgie dans cet esprit, esprit de liberté et de pluralisme, en définitive de désacralisation. On ne veut plus adorer Dieu, on ne veut plus reconnaître son autorité souveraine, on ne veut plus croire en notre Créateur et en notre Sauveur, en notre Rédempteur, en notre Juge bientôt ! Et tout cela est favorisé par les dicastères romains – peut-être pas tous mais certainement par celui du Culte, celui des évêques et celui des religieux – et également par la Secrétairerie d’Etat. Car en définitive, qui a promu la liberté de toutes les religions en Espagne, en Irlande, ici dans l’Etat du Valais et dans tous les pays où la religion catholique était seule reconnue comme la véritable religion ? On a voulu y établir ce faux œcuménisme qui est la grande hérésie de notre époque, et diffusant cette hérésie, on a détruit ce qui était encore catholique dans les Etats qui reconnaissaient Notre-Seigneur Jésus-Christ comme leur Chef et leur Souverain. Tout cela a été favorisé et est encore favorisé par la Secrétairerie d’Etat. Comment cela se fait-il ? Je n’en sais pas plus que vous. Je constate les faits. Je ne cherche même pas les explications, je constate.

Persévérerons dans la foi catholique

Et constatant cela, notre résolution est prise pour toujours ! Celui qui persévérera jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé. 5 Persévérer dans quoi, je vous le demande ?… Persévérer dans la foi catholique ! Persévérer dans ce que Notre-Seigneur Jésus-Christ nous a enseigné, qu’il n’y a qu’une seule vraie religion, que les autres religions ont été inventées par le diable pour détourner les âmes de Notre-Seigneur Jésus-Christ. C’est évident ! C’est bien ce que dit le pape saint Léon dans une leçon des matines d’aujourd’hui. Rome était, avant la venue de Pierre et de Paul, l’endroit où l’on reconnaissait tous les dieux, et le diable était l’auteur de cette invention pour maintenir les hommes dans l’erreur ; mais Rome est devenue la maîtresse de vérité. Voilà ce que dit saint Léon. Alors nous devons maintenir notre foi catholique, persévérer jusqu’au bout.

Et pour maintenir notre foi catholique, mes chers amis – c’est à vous que je m’adresse, vous qui allez être ordonnés prêtres dans quelques instants –, quel est le moyen ? Maintenir votre sainte messe ! Oh ! ce n’est pas parce que la messe est du rite latin ; il y a d’autres messes dans d’autres rites, mais ces rites contiennent tous les vérités de notre foi catholique, et ils les proclament. Alors qu’aujourd’hui, ce nouveau rite infesté par l’œcuménisme, par un faux œcuménisme, ne proclame plus notre foi comme la messe de toujours. C’est comme cela que nous constatons que les fidèles sont en train de perdre la foi, plus ou moins rapidement selon la manière dont les prêtres s’efforcent de garder la Tradition, mais les conséquences viennent ; elles sont claires, évidentes. Alors que faut-il faire ? Eh bien, il faut maintenir notre sainte messe de toujours.

Mgr Marcel Lefebvre

(Ordinations à Ecône, 29 juin 1981)

 

  • 1Le 13 mai 1981, Mehmet Ali Ağca a tenté de tuer le pape Jean-Paul II, sur la place Saint-Pierre. Touché plusieurs fois, le pape a dû être hospitalisé.
  • 2Le 10 mai 1981, le socialiste François Mitterrand (1916-1996) remporte l'élection présidentielle française au second tour avec 51,8% des suffrages.
  • 3Cf. Pascendi Dominici Gregis.
  • 4Allocution du 7 décembre 1968.
  • 5Mt 10, 22.